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Quand Tatiana écrit à Charlotte

Pendant le confinement, nous avions envie de vous faire une surprise !


Vous dévoilez que nous travaillons à la préparation d'un livre d'art inédit, Coeurs Ouverts, mêlant photographie et littérature. Un ouvrage collectif avec de superbes images réalisées par nos 21 photographes et commentées par 11 auteurs (académiciens, poètes, philosophes, romanciers, Prix Goncourt ou un peu de tout cela...). Auteurs dont les noms sont pour l'instant tenus secret...


Le secret est d'ailleurs une ligne directrice de ce projet singulier puisque les auteurs ont accepté d'écrire sur des images dont ils ne connaissaient rien. Ni le nom du photographe, ni l'histoire, ni la date de réalisation, ni le lieu de la prise de vue. Ils ont écrit avec leur coeur. Tout simplement.


Comme d'habitude, le but ultime de Coeurs Ouverts est d'offrir des repas à ceux qui en ont besoin. Vous pourrez donc à la fin de l'année vous offrir cette parcelle de poésie livrée dans un superbe écrin. Pour la bonne cause, pour votre plaisir aussi. Patience...


Premier petit coin de voile levé ce jour : le texte de la romancière Tatiana de Rosnay qui laisse parler ses sentiments sur des photos... de sa fille Charlotte. Clin d'oeil malicieux puisque Tatiana n'a découvert, selon le principe de l'ouvrage, le nom de l'auteur des images qu'à la livraison de sa prose.


Merci Charlotte et Tatiana pour votre talent et votre participation à Coeurs Ouverts.


Photographie de Charlotte de Rosnay



"J’ai soif, si soif. Je me suis approchée du lac et j’ai bu, doucement. Le chasseur est à mes trousses, je sens son odeur qui flotte dans l’air comme une menace. Il n’est pas loin, derrière moi, avec son arme. Il me poursuit depuis ce matin, je ne parviens pas à me défaire de lui. Pourtant je cours vite, plus vite que lui, même si je porte un petit dans mes flancs. Il s’est approché tout doucement pendant que je me désaltérais, et je n’ai pas eu le temps de m’enfuir. La peur me paralyse. Il va me tuer. Je ferme les yeux, tétanisée. Silence. Je regarde enfin. La silhouette humaine assise par terre qui me fait face est frêle. Deux grands yeux tendres. Et dans ses mains, ce n’est pas un fusil. C’est un objet inconnu qu’elle porte à son visage doucement, et qui me fixe, comme un grand œil."

Tatiana de Rosnay



Photographie de Charlotte de Rosnay



"Je connais un endroit secret, dans la forêt. Personne n’y va. Je suis le seul à discerner le chemin à travers les feuillages. Suis moi, je t’emmène. N’aie pas peur. Ecoute le bruit du vent dans les arbres. Respire ce parfum boisé. Marche doucement, on ne sait pas qui pourrait nous entendre. Il faudra se mettre à l’abri. Ne pas parler trop fort. Nous allons être en sécurité, là-bas. Nous dormirons sur la mousse verte qui pousse sous les troncs. La seule compagnie, ce sera les oiseaux et les biches qui n’auront rien à craindre de nous. Demain, nous poursuivrons notre route. Ceux qui nous traquent, ceux qui nous chassent ne nous retrouveront pas, car j’aurai effacé nos traces. Fais moi confiance. Demain, nous serons déjà loin."

Tatiana de Rosnay


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