Anaïs Tondeur
Née en 1985, Anaïs Tondeur vit et travaille à Paris.
Au premier plan de sa pratique photographique se trouvent des éléments insaisissables de la terre et de nos corps, tous ces éléments soulignant l’inextricabilité entre nos corps et le monde.
Elle va à la rencontre de ces éléments et de ces êtres dans des lieux marqués par l’activité anthropique, des populations végétales qui évoluent dans les sols extrêmes de l’Anthropocène aux ciels pollués, des profondeurs d’une ancienne mine d’argent aux friches de l’usine Kodak à Vincennes, soit des espaces où “les ruines ne sont pas inertes, mais vivantes avec des résidus étonnamment chargés de «potentiel» comme le souligne Kyveli Mavrokordopoulou. Elle cherche ainsi à développer avec ces résidus de nouvelles alliances sensibles, formes alternatives de relations et de matérialités photographiques permettant de penser nos relations à la terre pour mieux les panser.
 
«487nm ou l’état chromatique de la mer» 2022
Résidence photo4food 2020
Ce projet artistique interroge les mutations écologiques à travers une exploration chromatique de la mer en Normandie. Alors que les populations de phytoplancton migrent progressivement vers le Nord sous l’effet du réchauffement climatique, l’artiste documente leurs impacts sur la couleur de l’océan. Durant une semaine, chaque jour à la même heure, une photographie est prise depuis un belvédère aligné sur le méridien de Greenwich, saisissant non pas les détails du paysage mais le champ chromatique marin. Ce protocole, répété annuellement, constitue un observatoire des variations de teintes maritimes, du vert chlorophyllien au bleu profond, reflet des déplacements du phytoplancton. En révélant l’inscription des migrations du phytoplancton dans la couleur de l’eau, ce projet inspiré par une étude du MIT, nous invite à percevoir autrement le lien entre changement climatique, vie marine et expérience sensible de notre milieu partagé.